Une étude dont l’objet est d’évaluer les possibles relations entre l’alimentation et la maladie d’Alzheimer révèle, de façon assez surprenante, qu’une alimentation riche en protéine pourrait affecter la taille du cerveau.
Ces premiers résultats sont bien sûr à prendre avec les précautions habituelles lorsque l’objet de la recherche porte sur des animaux, ici des souris transgéniques, et pas sur des êtres humains. Mais ils pourraient s’avérer intéressants ne serait-ce que parce qu’ils ouvrent une nouvelle fenêtre d’étude du cerveau, humain, cette fois-ci.
Les liens entre alimentation et maladie d’Alzheimer font l’objet d’études depuis plusieurs années maintenant. Ces travaux suggèrent qu’un régime à faible teneur calorique, pauvre en graisses et riche en légumes, fruits et poissons pourrait retarder l’apparition ou ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer.
C’est au cours de l’une de ces études consistant à évaluer les effets de différentes diètes sur des souris transgéniques modèles de la maladie d’Alzheimer qu’une équipe Anglo-saxonne a constaté des anomalies cérébrales chez certains rongeurs. Plus précisément sur ceux qui avaient été nourris avec un menu à haute teneur protéique et pauvre en glucide. En moyenne leur cerveau était 5% plus petit que celui des souris nourries avec moins de protéines et les chercheurs ont également constaté une atrophie dans certaines zones de l’hippocampe, une région du cerveau connue pour son rôle dans la mémoire et l’apprentissage.
Ce résultat a été une surprise, et, jusqu'à ce que les chercheurs testent cet effet sur des souris non transgéniques, il est difficile de savoir si la perte de masse du cerveau est associée à la maladie d’Alzheimer ou s’il s’agit d’un phénomène plus général.
Mis à part les recherches sur les rongueurs, la question urgente est de savoir si ces données ont des implications pour le cerveau humain. « Etant donné l'association démontrée dans plusieurs études entre un régime riche en protéines et le vieillissement des neurones, on se demande si une diète particulière administrée à un âge particulier pourrait augmenter l’incidence ou la progression de la maladie d’Alzheimer », explique Sam Gandy, neurologue à la Mount Sinai School of Medicine de New-York, et auteur principale de l’étude publiée dans le journal
Molecular Neurodegeneration.
Pour le chercheur, seuls des tests menés en double aveugle chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer permettraient d’identifier des facteurs de risque, ou protecteur, alimentaire. « C’est une entreprise difficile mais potentiellement intéressante. Il existe de réelles chances de pouvoir agir sur le développement de la maladie d’Alzheimer avec l’alimentation » conclut-il.