L’identification des communautés bactériennes fera peut-être un jour partie des outils de la police scientifique. Des chercheurs ont montré que sur des objets utilisés régulièrement nos bactéries nous trahissent…Passée la peur des virus grippaux, les lotions désinfectantes pour les mains vont peut-être conquérir de nouveaux clients: ceux qui ne veulent pas laisser de traces…
Des chercheurs de l’Université du Colorado (États-Unis) ont fait la preuve que les bactéries qui vivent sur nos mains sont un moyen d’identification, une sorte d’empreinte microbienne que l’on peut laisser sur des objets.
De précédents travaux ont montré que
notre corps abritait des communautés de bactéries différentes d’une zone à l’autre et surtout que ces groupes étaient propres à chaque individu. D’où l’idée d’utiliser ces populations microbiennes pour identifier l’utilisateur d’un objet. L’équipe de Noah Fierer a ainsi prélevé les bactéries présentes sur les claviers et les souris de trois ordinateurs, utilisés régulièrement par les mêmes personnes.
Les biologistes de Boulder ont identifié les espèces bactériennes à l’aide d’une méthode moléculaire (basée sur la séquence de l’ARN ribosomique 16S) et ont constaté que les profils des communautés bactériennes des claviers et souris étaient très proches de celles des doigts de leurs utilisateurs.
Allant plus loin, Fierer et ses collègues ont étudié les communautés bactériennes de neuf ordinateurs dont les utilisateurs réguliers font déjà partie d’une base de 200 personnes pour lesquelles le profil bactérien des mains a été établi. Se mettant dans la peau d’investigateurs, les chercheurs ont réussi à retrouver les neuf utilisateurs dans la base à partir des bactéries présentes sur les claviers et souris.
Les bactéries peuvent vivre deux semaines sur un clavier d’ordinateur à température ambiante, expliquent les chercheurs. Cependant toutes les surfaces n’ont peut-être pas la même capacité à conserver une communauté bactérienne, nuancent-ils. Il faudra encore beaucoup de travaux pour valider cette méthode d’identification et en faire un outil d’investigation pour la police scientifique. Il n’est pas certain qu’elle fonctionne pour des objets touchés une seule fois, contrairement aux empreintes digitales.
Ces travaux sont publiés cette semaine dans les
Proceedings of the National Academy of Sciences.
Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com16/03/10