L’existence d’un lien entre l’exposition au bisphénol A et l’apparition de maladies cardiovasculaires est confirmée par une étude britannique. Une nouvelle pièce à un dossier encore loin d’être clos.
Le bisphénol A (BPA) est un composé chimique couramment utilisé dans l’industrie du plastique. Un emploi surprenant pour une molécule développée au départ dans le cadre de la recherche d’œstrogène de synthèse. On le retrouve aujourd’hui dans une grande variété d’emballages et de contenant en plastique ainsi que dans le revêtement interne des boites de conserves.
Son utilisation intensive et largement répandue suscite une polémique depuis 2003, année où une première étude a fait état d’anomalies de la multiplication cellulaire chez des embryons de souris exposées. Sachant que du bisphénol A est détecté dans les urines de plus de 90% de la population américaine, ce premier résultat a alerté les autorités sanitaires et les associations de consommateurs. Depuis de nombreuses enquêtes, aux résultats parfois contradictoires, sont venues étayer le dossier.
Une étude menée par des chercheurs de la Peninsula Medical School et l'Université d'Exeter, au Royaume-Uni, publiée dans JAMA en 2008, avait mis en évidence pour la première fois l’existence d’un lien entre des niveaux urinaires élevés de BPA et un accroissement du risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et d'anomalies hépatiques chez l’Homme. En se basant sur de nouvelles données, issues d’une vaste enquête de santé publique orchestrée par les autorités sanitaires américaines, la même équipe confirme aujourd’hui ces résultats dans un article publié dans PLoS ONE.
Les scientifiques ont constaté que le quart de la population ayant les niveaux les plus élevés de BPA a été deux fois plus susceptible de déclarer une maladie cardiaque ou un diabète, par rapport à ceux qui avaient les niveaux les plus bas de BPA. Ils ont également constaté que la hausse des niveaux de BPA a été associée à des concentrations d'enzymes hépatiques anormales. Le professeur David Melzer, professeur d'épidémiologie, qui a dirigé l'équipe, a commenté: "Ce n'est que la seconde analyse de BPA dans un grand échantillon de population humaine. Elle nous a permis de confirmer notre analyse originale et d’exclure la possibilité que nos résultats soient un artéfact statistique."
Pour le chercheur le BPA serait donc bien en cause mais ses propos sont néanmoins nuancés. En effet un autre composé associé au BPA et non recherché pourrait aussi être la cause de ces dérèglements. Et surtout, les scientifiques ne connaissent aucun mécanisme qui puisse expliciter l’action du BPA sur le cœur. Des recherches complémentaires doivent donc être menées pour comprendre comment le BPA affecte le système cardiovasculaire.