Pourquoi certaines plantes mangent-elles de la viande ?

Une mouche prise au piège d'une dionée attrape-mouche (Dionaea muscipula). Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

HISTOIRES DE SAVOIR - A l'origine de bien des fantasmes, les plantes carnivores font figure d'aberrations de l'évolution.



De tout temps, elles ont fasciné. De tout temps, elles ont été craintes. Et ont suscité les fantasmes les plus extrêmes du cannibalisme, comme « l'arbre de Madagascar » qui était censé, au XIXe siècle, être capable de dévorer des humains. Il est vrai que certaines plantes carnivores ne sont pas si petites que cela (leurs feuilles pièges peuvent atteindre 30 cm de diamètre) et que leurs « épines » sont plus rusées et dangereuses que celles des roses. Ce sont tout de même elles qui ont «inventé » le papier tue-mouches. Mais une plante qui a besoin de manger de la viande pour vivre ne semble pas si «naturelle ». Produit normal de l'évolution, croisement entre végétal et carnivore, animal déguisé en plante, aberration de la nature, beaucoup de questions restent ouvertes sur l'origine de leur existence… Dont celle-ci : pourquoi n'y en a-t-il pas plus ? On sait au moins une chose : le «responsable» est… l'azote.
Ces plantes seraient apparues parce qu'elles ont été obligées de s'adapter à des milieux, souvent aquatiques, très pauvres en nutriments. Elles ont donc dû trouver d'autres sources d'éléments indispensables à leur croissance pour avoir des repas complets. Une plante «normale» obtient sa nourriture par ses racines et son énergie par la photosynthèse. Et dans ses repas, l'azote est un composant très important pour la composition des «briques» constitutives des cellules, en particulier les acides aminés, pour les protéines.
À défaut d'azote minéral, il faut se tourner vers un azote d'origine animal, donc déjà transformé et plus facilement accessible pour les «circuits» du végétal. La particularité de ces carnivores «vertes» est qu'elles possèdent à la fois le système utilisé par les plantes (mais un peu moins efficace) et aussi celui utilisé par les animaux carnivores (la digestion). Ainsi, elles apprécient les insectes, qui sont les premiers à succomber à leurs charmes, mais elles ne détestent pas à l'occasion s'offrir des larves, des vers, un petit batracien, voire même de petits rongeurs. Avec des stratégies qui pourraient faire croire qu'elles ont parfois un embryon de «cerveau» et quelques muscles rebondis. Sur les quelque 600 espèces de plantes carnivores, certaines, les dionées (Dionaea muscipula), dites «attrape-mouches», fonctionnent comme des pièges à loup. Mais de manière plus «intelligente».


«Fermeture éclair»

La plante possède des feuilles en forme de mâchoires, avec l'équivalent de dents, qui peuvent se refermer brutalement sur leurs proies. L'intérieur de ces deux feuilles est couvert de «poils» sensibles au contact. Mais la plante ne veut pas se refermer sur une feuille morte ou sur un bout de bois mort. Elle attend donc un second contact vibrant pour se refermer en un clin d'œil sur sa proie. De plus, la plante ne peut utiliser cette technique qu'un nombre limité de fois. Le mécanisme de cette «fermeture éclair» reste d'ailleurs en grande partie mystérieux. La digestion de la proie, à l'aide d'enzymes digestives ou de bactéries, prend au minimum plusieurs jours. Et la plante ne laisse que le squelette de celui ou celle qui est venu se jeter dans sa nasse. On a constaté que certaines plantes sont plus gourmandes que d'autres. Et peuvent réellement souffrir d'indigestion.
Les feuilles mâchoires ne sont pas la seule forme de pièges existants. D'autres sont d'ailleurs parfois «piégeux» pour la plante carnivore elle-même. C'est l'arroseur arrosé. Ainsi en est-il des plantes à urnes qui peuvent servir de nurseries à certaines larves de mouches ou de papillons. Qui ne vont pas manquer de provoquer bien des misères à leur plante hôte. Après s'être nourries des restes de leurs insectes parents, elles vont se développer et percer la paroi de l'urne piège. On peut les cultiver ou les admirer dans de nombreux jardins botaniques en France. Et si, a priori, vos doigts ne sont pas menacés, il convient tout de même de rester prudent. Après tout, elles sont réellement carnivores…

merci beaucoup jerry notre sourie pour les informations un petit enrichissement culturel n'est pas de refus

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